« kesk’elle dit l’autre excitée ? Surpopulation ? Pollution ? Non respect ? Ben oui, quoi, c’est normal ».
Ah, l’autre, en vacances... y croit qu’on vit comme ça !
Y a des jours, j’vous jure, j’aimerais être corse ! Je te les prendrais à coup de grenade, hop, dégagés... Mais non.
En PACA, tourisme oblige, il serait de mauvais ton que l’autochtone se permette de râler sur le clampin qui sillonne et salope plages, campagnes, torrents et montagnes. C’est le fond de commerce...
Et pourtant, au bout de deux mois à rester quasiment cloitré chez soi, tant la circulation (et ses pics de pollutions) est infernale, ça donne envie de l’ouvrir, quand, grâce aux congés payés, le résident de la région aimerait, lui aussi, gouter aux plaisirs simples du lieu où il vit.
Heureusement, il y a des endroits « secrets », que le touriste n’a pas encore découvert, ou qui requièrent de sa part un effort qu’il n’est pas en mesure de fournir. Des endroits déserts, que je me garderais bien d’indiquer...
Mais il y a aussi la côte. Et là, même à vous frapper deux heures de marche sous un cagnard infernal, ils sont inévitables, avec leurs embarcations de marins du dimanche, ancrés à un mètre de la côte, (quand ce n’est pas sur la minuscule plage), buvant le rosé du coin sans aucunement se protéger du soleil au zénith, hurlant des inepties, piaillant connement, en se tapant sur le ventre. De quoi leur souhaiter un vent d’ouest force 8 avec grosse houle, histoire de rigoler un peu. Et si on est très méchant, un cancer de la peau !
Partout, ils sont partout, avec leur moteur et leur arrogance, qui vous débarquent sur un bout de terre que des marcheurs ont rudement gagné. Et ça pue le diésel et les fonds massacrés. Les cannettes jetées et les sacs poubelles dans les posidonies. À peine sont-ils un peu moins pénibles que les jet-ski. Comme quoi sur la côte, vaut mieux emporter ses boules Quiess...
Bien sûr, l’autochtone a encore quelques ressources : après une quinzaine de kilomètres de marche dans les sentiers escarpés du littoral, il peut faire de la varappe et plonger dans une crique que barrent des rochers qui affleurent. Là, chaussé de ses lunettes aquatiques, il s’ébat dans des lieux enchanteurs où zonent quelques plats bateaux, dont les occupants nordiques sont occupés à lamper du pastis. Il peut nager, longeant la côte, vers un paradis de solitude (mais pas de calme, car le concert des moteurs est permanent.)
Certes, il sera encore troublé par quelques kayaks de mer, deux trois voiliers de petite envergure, quelques plongeurs : une broutille. (Notre autochtone présume que les plongeurs équipés de fusils, vu l’endroit où ils naviguent, sont des personnes avisées.)
Mais à la fin, le natif de PACA jette l’éponge : il se fait tard, il est loin de tout, mais toujours envahi, pollué, stressé, faut qu’il songe à rentrer ! Vivement septembre, octobre...
Sur le chemin du retour, il s’arrête sur une petite plage de rochers éboulés, difficile d’accès, mais pas très éloignée de la civilisation. « Gôuter le coucher du soleil, se dit-il, calmement, quand le gros des plaisanciers sera rentré... »
Mais là, il voit trois Marseillais débarquer avec Heineken, masque et tuba : visiblement, ils ne savent pas nager, ni plonger, mais ils veulent se faire quelques oursins en cette fin de soirée d’aout. Des Marseillais de troisième génération sans doute, ou des importés, même s’ils ont l’accent « Belle de Mai », car, primo, ils se soucient fort peu des dates de cueillette autorisées de la bête, deuxio, ils savent même pas distinguer un mâle d’une femelle, et enfin, comme déjà dit : ils barbotent. Et vas-y que je criaille et patauge avec des godillots, là où l’autochtone marche pieds nus avec précaution pour respecter la flore sous marine.
Ils ramassent quelques oursins, et un Bernard l’Hermite, qu’ils vont faire crever sur la plage, comme d’autres font mourir la soupe de roche qu’ils ont péchée, dans la forêt de chênes du sentier...
Assassins ! Bandes de cons. « Je trouve, je prends, on me doit tout et tout pour ma gueule, je réfléchis pas. » C’est leur crédo, à ces abrutis !
Une fois leur vacarme passé, il suffit de nager, tranquillement : les oursins sont là, à moins de deux mètres, merci mon dieu, ils sont trop cons pour plonger jusque-là. Leur ravage est limité.
Et passent les bateaux, pillent et polluent les vacanciers. La mer est bien bonne. Et la montagne aussi.
Venez pas en PACA, c’est pas beau, y a la sécheresse, les incendies, et les habitants font la gueule... Ils sont à chier je vous jure, et sur la route, vous feront pas de cadeaux. Et en plus y vont prendre vos thunes ! Des mafiosi, y allez pas, j’vous dis !
Ce soir, je vous écris de mon torrent, la pleine lune passe la barre des montagnes. Dès que le flot des touristes s’est tari, mon pays retrouve sa densité équivalente à celle du Sahel. C’est dire si j’aime ne pas être collée...
Jusqu’aux vacances d’hiver....
Il me reste le printemps et l’automne, ne viendez pas, les conditions climatiques sont désastreuses !
Ah bon sang demain la rentrée des classes : je revis, et je suis en vacances^^
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